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Fondation Santé des Étudiants de France

Congrès de la Psychiatrie Nantes 2018

La place des études dans les soins psychiatriques à l'adolescence : de la détection précoce aux soins post-aigus
Orateurs : 
Président : Nathalie Godart PARIS
Communication 1 : fléchissement scolaire et souffrance psychique: importance de la détection précoce. Laurent Pinel, Sceaux

Communication 2 : Échec scolaire et troubles psychiques : intérêt du soin-étude en hospitalisation pour adolescent et le jeune adulte. Véronique Laccourreye, Sablé sur Sarthe

Communication 3 : Association de soins psychiatriques, somatiques et de la scolarité dans la prise en charge de suicidants graves (pronostic vital en jeu). Philippe Lesieur, Bouffémont

 

Texte du résumé :

A l'adolescence, et il en est ainsi depuis l’enfance, l'école est l'espace privilégié extra-familial où s'expriment et se jouent les enjeux du développement psychique. Aussi, les failles, les facteurs de risques aux troubles psychiatriques, y seront challengés. Le fléchissement scolaire ou l'échec deviendront ainsi les signes très vraisemblables d'une souffrance psychique ou d'un trouble psychiatrique sous-jacent.
Non pris en comptes ces troubles feraient passer l'école de lieu de construction à celui de lieu d'exclusion. Le travail de détection et d'intervention précoce, là où le trouble s'exprime, a pour but de préserver les chances et d'éviter l'engrenage du cercle vicieux : celui d'un mal être qui engendre l'échec qui aggrave le mal être...

Lorsque le soin devient inopérant la question de la scolarité prend des allures de paradoxe : comment maintenir une inclusion que l'échec du soin rend incompatible ? Parler de soin global en psychiatrie de l'adolescent c'est considérer le rôle de l'environnement aussi bien dans ce qui fait défaut que dans ce qui fera réparation. S'il n'est plus possible d'envisager le soin psychiatrique de l'enfant et de l'adolescent, voire du jeune adulte, sans y inclure le lien avec la famille, il doit en être de même avec l'école et l'insertion. Dans une pratique de plus de 60 années à la Fondation SEF, d'association de la scolarité aux soins psychiatriques force est de constater que là où le soin était en échec et la déscolarisation acquise, il était possible de faire que la scolarité rende le soin à nouveau accessible. Cela se peut si l'articulation soin-étude ne se fait pas dans une stricte complémentarité pluridisciplinaire, de juxtaposition et d'association dans le temps, mais cette fois–ci de façon transdisciplinaire : la scolarité devient média du soin psychique parce que le soin s'opère dans un même mouvement. Au cours d'une réflexion à propos des soins de suites médicalisés dispensés à des adolescents polytraumatisés dans les suites d'une tentative de suicide grave (avec pronostic vital en jeu), le Pr Philippe Jeammet avait avancé cette hypothèse d'une "médiation fonctionnelle forte" des soins de suite sur la possibilité de mobilisation psychique, c'est-à-dire que le soin de l'un puisse impacter le soin de l'autre, l'un accompagne l'autre dans la réciprocité. Le soin-étude, c'est de cela qu'il s'agit.